24 Octobre 2018
Dans les deux articles précédents, nous avons présenté Pisolithus arhizus.
Le deuxième champignon, le Mycenastrum, nous l’avons rencontré en plusieurs exemplaires à deux endroits : le 15 mars près de Bensafrim (Lagos) sous des chênes-lièges :
… et le 17 mars au bord d’un chemin dans la serra de Monchique, au Pico da Foia (902 m), le château d’eau de l’ouest de l’Algarve.
Sur les deux sites les champignons étaient âgés, de grande taille, de couleur brun foncé, ouverts en étoiles irrégulières, à « peau » très épaisse, les spores brun chocolat étaient presque toutes parties...
Ils ressemblaient un peu à d’énormes Géasters, avec l’exopéridium plus ou moins en étoile, mais sans le sac globuleux contenant les spores (endopéridium).
Nous avons montré les photos à des mycologues haut-savoyards qui ont donné leur langue au chat. L’un d’eux les a fait suivre à Serge Poumarat, spécialiste des Gastéromycètes. Réponse par retour : « Oh oui, je connais bien ça. C'est un très typique vieux Mycenastrum corium. A ce stade, il mérite bien son nom. On le reconnait facilement à son ouverture en étoile, à ses longs rayons et sa consistance de cuir épais. En micro, son capillitium est aussi très typique. »
C’est donc Mycenastrum corium (Guers.: D.C.) Desvaux - the giant pasture puffball, the leathery puffball…
Mycenastrum : myce, champignon, astrum, en forme d’astre - corium, cuir, écorce, cf la “peau” très épaisse à consistance de cuir, coriace, de 2-3 mm d’épaisseur.
Quand il est jeune, le Mycenastrum ne ressemble pas à ce que nous avons vu : il est globuleux, comme une grosse vesse de loup, de couleur blanchâtre.
A maturité, le péridium est brun foncé, il se déchire, s’ouvre en lobes irréguliers et les spores sont libérées
Ce champignon saprophyte est cosmopolite. On le trouve en Europe, Afrique, Asie, Amérique, Australie, Nouvelle-Zélande…
En Europe, il n’est pas rare dans le sud, dans les régions méditerranéennes, sur sable. On le trouve parfois près de Bordeaux, sur l’île de Ré… Louis Benoît Guersent (1777-1848) l’a découvert près de Rouen et l’a nommé Lycoperdon corium en 1805. Il a été trouvé aussi dans le nord, p.ex. en Pologne.
C’est un Gastéromycète, comme les Géasters, les Lycoperdons, les Sclérodermes, le Pisolithus arrhizus…. On considère actuellement que les Gastéromycètes représentent le sommet de l'évolution des champignons supérieurs : ils se concentrent sur la production de spores, sans s'embarrasser de pied, de chapeau ou de lames.
Au Pico da Foia nous n’avons pas noté beaucoup de plantes, c’était trop haut, trop tôt …
La Bruyère, c’est Erica australis, fleurs allongées, rose pourpre, anthères incluses, pédicelles pubescents, feuilles verticillées par 4. Portugal, Espagne, nord du Maroc.
Dans un creux inondé, nous découvrons une plante peu spectaculaire : un Isoetes, probablement Isoetes histrix, une plante des mares temporaires méditerranéennes. Les rosettes de feuilles linéaires se développent en automne et en hiver. A la fin du printemps elles se dessèchent et disparaissent après maturation des spores (c’est une plante proche des fougères).
Monique