Les Oxalides de France

La famille des  Oxalidacées compte 6 genres : Averrhoa, Biophytum, Dapania, Eichleria, Oxalis et Sarcotheca. La plupart sont originaires des régions tropicales d’Afrique, d’Amérique et d’Asie. L’intérêt économique des Oxalidacées est mineur : certaines espèces présentent des bulbes ou des rhizomes riches en amidon, d’autres arbustives ont des fruits comestibles.

Le genre Oxalis est le plus important et le seul représentant de la famille en France avec 8 espèces. En français, on dit Oxalis ou Oxalide, le nom venant du grec oxis (acide) et als (sel).

Quatre des huit espèces d’Oxalis présentes en France ont été décrites par l’abbé Coste.

Les feuilles à 3 folioles font penser à celles du trèfle, elles sont repliées en basse lumière et sont appréciées pour leur goût légèrement acidulé, rappelant l’oseille. Elles contiennent en effet un oxalate de calcium ou acide oxalique. D’où les noms de Oseille des bois et autres donnés à la plus connue : Oxalis acetosella. Les fleurs sont repliées la nuit, elles s’ouvrent à la lumière du soleil.

Oxalis acetosella. C’est l’Oxalide des bois, la Petite oseille, l’Oseille des bois, le Pain de coucou, Alléluia… Les feuilles toutes basales sont portées par une longue tige radicale. La fleur solitaire, blanche, veinée de mauve, généralement en coupe, est elle aussi portée par un long pédicelle radical, bractéolé au milieu.

Elle est très fréquente dans les forêts de feuillus (hêtres) et de résineux (sapins, épicéas).

Oxalis corniculata. C’est l’Oxalide corniculée, le Pied de pigeon, le Trèfle jaune… Les feuilles sont vertes ou pourpres, alternes. Les fleurs jaunes sont groupées par 1 à 5 sur des pédoncules plus courts que la feuille.

Elle est présente dans toute la France, dans les friches, trottoirs, jardins, plus rare dans l’Est et le Nord-Est. Elle se répand dans les villes, villages de basse altitude (maxi 600-700m) à en devenir parfois envahissante, car elle possède un système racinaire bien enterré, difficile à extraire.

Oxalis fontana. C’est l’Oxalide d’Europe, des fontaines, droite… Cette espèce regroupe maintenant les espèces europaea et stricta. Les feuilles vertes sont toutes caulinaires, + ou – opposées ou en faisceau. L’inflorescence est nettement en cyme. Les fleurs jaunes, assez petites, sont portées par de longs pédoncules axillaires, renflés à la base. Elle est très proche de O. dillenii, les corolles sont plus courtes.

Originaire d’Amérique du Nord, elle est très répandue en France, dans les friches, le long des chemins forestiers et lieux cultivés, moins dans le Sud et en Corse. Fréquente en Haute-Savoie en dessous de 1300m.

Si je l’ai vue, je n’ai pas su faire la différence avec d’autres espèces proches.

Oxalis pes-caprae. C’est l’Oxalide des Bermudes, l’Oxalis du Cap, le Pied de chèvre… Elle est décrite par Coste sous le nom d’Oxalis cernua. On la trouve souvent en touffes denses. Les feuilles vertes à pourpres sont toutes radicales longuement pétiolées. Les fleurs sont jaunes en fausses ombelles, grandes sur des pédoncules tous radicaux. Plante originaire d’Afrique du Sud.  Introduite à Malte comme plante d’ornement, elle est devenue envahissante et s’est propagée dans toute la région méditerranéenne. C’est pourtant une plante stérile, ne se multipliant que par ses bulbilles ! Elle est souvent parasitée par l'Orobanche rameuse, ce qui ne semble pas la gêner.

Je l’ai vue en Andalousie lors d’un stage organisé par Pascal Jarige où nous étions plusieurs du Groupe Nature de Faverges et plus récemment dans la région niçoise lors d’un stage organisé par Pulsatille.

Elle fait l’objet d’une protection par arrêtés municipaux dans des secteurs très limités comme par exemple quelques parcs ou jardins publics (Nice, Argelès…).

Pour les quatre autres espèces, il faut aller chercher ailleurs (Flora Gallica, Flore Med, Internet…)

Oxalis dillenii. Oxalide de Dillenius en français. Fr. Bugnon en a fait le croquis ci-dessous. Les fleurs jaunes sont en ombelles par 2 à 5 sur un pédoncule non renflés à la base.

Originaire d’Amérique, elle est dispersée dans toute la France dans les champs, jardins, chemins, plus rare vers le Nord. Elle est rare dans les Savoie (observée par D. Jordan en 2003 dans la RN du delta de la Dranse, en 2011 à Margencel et à Ambilly).

Je l’ai vue souvent dans la plaine agricole du Grésivaudan, à l’aval de Grenoble et je l’ai découverte récemment à 50m de chez moi, en bordure d’un terre-plein planté de lauriers. Donc en pleine ville d’Annecy où visiblement elle n’est pas à sa place !

Oxalis articulata. Oxalide articulée en français. Elle regroupe les espèces floribunda et O. rubra. Elle pousse en touffes denses, mais peu étendues. Les feuilles à long pétiole frêle sont de couleur vert clair ou lavées de pourpre. Les fleurs roses à blanches sont nombreuses, en fausse ombelle.

Oxalis debilis. C’est l’Oxalide en corymbe, ou rose à grandes fleurs, ou chétive… Elle regroupe les espèces corymbosa et O. martiana. Elle est proche de Oxalis articulata et occupe comme elle les mêmes territoires. Peut-être un peu moins en Pays de Loire. Elle est originaire d’Amérique du Sud.

Oxalis latifolia. Oxalide à larges feuilles en français. Les feuilles d’un vert terne à pourpré chez les plantes horticoles sont parfois aux folioles très échancrées, en forme de pointe de flèche. Les fleurs rose pâle en font une plante peu ornementale.

Autres plantes connues de la même famille

Les Oxalis comptent 490 espèces dans le monde. Hors de France, on peut trouver par exemple : Oxalis frutescens aux fleurs jaunes présente aux Antilles, Oxalis montana aux fleurs blanches qui vit en Amérique du Nord, Oxalis oregana aux fleurs mauves originaire de Californie et d’Orégon…

et aussi Oxalis tuberosa. C’est l’Oca du Pérou ou Oxalis tubéreux ou encore Urelle tubéreuse. Originaire des plateaux andins, l’Oca est cultivé pour son tubercule comestible. La plante forme des touffes atteignant 45cm de hauteur avec des feuilles trifoliées, charnues, vert brillant. Les fleurs sont petites, jaunes.

Autres genres de la famille des Oxalidacées :

Les plantes des autres genres nous sont beaucoup moins connues, sauf peut-être les deux suivantes qui font partie du genre Averrhoa. Ce sont des plantes ligneuses dont les fruits pour certains sont comestibles, comme par exemple :

Averrhoa carambola. C’est le Carambolier ou Pommier de Goa originaire d’Asie, aux fruits acidulés à 5 carpelles soudés et à section en étoile, la carambole ;

Averrhoa bilimbi. C’est l’Arbre à cornichons qui doit son nom à son fruit semblable à un cornichon ou un concombre utilisé comme condiment en pâtisserie. Il est très présent sur l’Ile de la Réunion.

Biophytum sensitivum est l’espèce la plus étonnante du Genre. Cette plante, en forme de palmier aux nombreuses folioles se repliant au toucher et la nuit, peut atteindre plus de 30m de hauteur. Elle est très présente en Indonésie, aux Philippines, en Thaïlande… C’est Linné qui l’a décrite pour la 1^ère fois.

 Les plantes du genre Dapania se présentent généralement sous forme de lianes.

Eichleria. Plusieurs exemplaires de Eichleria lucida sont conservés dans l’herbier du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.

Les plantes du genre Sarcotheca, très présentes en Malaisie, sont des arbres ou arbustes donnant des fruits généralement comestibles

                                                                                                                                                      Pierre