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DECOUVERTE DE LA BRYOLOGIE

Suite à une annonce parue dans TELA BOTANICA, je me suis inscrit à un stage « Formation et initiation à la bryologie ». Il s’est déroulé du 22 au 24 octobre dernier au Lycée agricole du Pflixbourg à Wintzenheim, près de Colmar (68).

Je suis parti la veille pour être à l’heure matinale du RV fixé devant le lycée. Très bel établissement, équipé de tout le nécessaire à l’enseignement agricole, à la recherche, aux diverses  cultures de fleurs, légumes… La vente de produits est ouverte au public tous les après-midis. Le laboratoire de biologie est moderne, équipés de matériels de pointe (plus de 15 binoculaires et microscopes).

DECOUVERTE DE LA BRYOLOGIE

Après avoir fait la connaissance des 2 animateurs (Bernard STOEHR et Francis BICK) et des 9 autres stagiaires dont 5 jeunes très motivés et dynamiques, on nous a présenté la classification des 3 grands groupes de Bryophytes (les Anthocérophytes ou Anthocérotes, les Marchantiophytes ou Hépatiques, les Bryophytes en sens propre ou Mousses), la différence entre eux, la structure des bryophytes (rhizoïdes, tiges, feuilles, soies, urne…), les milieux, les supports… J’ai tout de suite compris, mais je le savais déjà, que le sujet était très complexe et difficile, tant par la détermination des sujets que par le vocabulaire nouveau à connaitre. Avant de partir je connaissais une quinzaine de genres ou d’espèces et je ne savais pas trop ce que j’allais découvrir et apprendre lors de ces trois jours. Le programme était alléchant bien que peu précis.

DECOUVERTE DE LA BRYOLOGIE

Après ces présentations, nous sommes partis nous confronter au froid polaire du Lac Noir, situé au NO de Colmar, un peu au-delà d’Orbey, en milieu granitique, en vue de faire des prélèvements. J’ai commencé à écrire sur mon carnet : « Vendredi…. ». Je n’ai pu en écrire plus, tellement il faisait froid. Nous n’avons pu qu’écouter nos éminents bryologues nous expliquer l’environnement très humide du lac Noir et nous montrer un certain nombre d’hépatiques, de mousses et de sphaignes acclimatées à ces milieux.

Le Lac Noir

Le Lac Noir

Les conditions climatiques ne m’ont pas permis de prendre des photos de qualité : j’aurai donc recours à certaines images Internet pour illustrer cet article.

Le repas de midi dans une auberge très agréable a été apprécié et a permis de se réchauffer.

DECOUVERTE DE LA BRYOLOGIE

Retour au lycée pour déterminer en laboratoire les espèces récoltées.

Chaque stagiaire disposait d’une binoculaire, un microscope étant à disposition de 3 personnes.

DECOUVERTE DE LA BRYOLOGIE

A l’aide de l’ouvrage de Vincent Hugonnot « Mousses et Hépatiques de France » et du Glossaire illustré des Bryophytes de Leica Chavoutier qui ont été très utilisés pendant ces 3 jours, nous avons ainsi déterminé entre autres :

 • Diplophyllum albicans, une Hépatique à feuilles en tapis dense, recueillie sur sol acide. Elle présente une fausse nervure, ce qui pourrait la faire considérer comme une mousse.

Diplophyllum albicans

Diplophyllum albicans

Hookeria lucens, une mousse aux feuilles sans nervure, donc encore une exception.

Polytrichum commune déterminée grâce à une coupe transversale des feuilles très effilées.  Exercice  très  délicat  en  laboratoire que de segmenter transversalement une feuille de Polytrichum à la lame de rasoir, sous binoculaire, pour en examiner la coupe qui permet d’identifier l’espèce. Le groupe Polytrichum comporte en effet de nombreuses espèces.

Polytrichum commune  (photo Wikipedia)

Polytrichum commune (photo Wikipedia)

Sphagnum palustre : une sphaigne très répandue en petites buttes denses, du vert-blanchâtre à rosé.

Sphagnum palustre

Sphagnum palustre

Le matin du 2e jour a été consacré à la poursuite des déterminations, avant de repartir sur le terrain, pour pique-niquer au-delà du col de la Schlucht, sur les crêtes ventées des Vosges. Le pique-nique a été écourté compte tenu de la température.

Pique-nique glacial

Pique-nique glacial

Nous avons suivi le sentier des Chaumes pour de nouvelles découvertes et de nouveaux prélèvements, notamment d’hépatiques bien adaptées aux régions froides, voire glaciaires (ex : Plagiochila poreilloides et Blepharostoma tricho-phyllum).

Sur ces terrains cristallins, laminés par les vents, dénommés Hautes Chaumes, nous nous sommes arrêtés sur un gros bloc de granit déposé lors du retrait et de la fonte des glaciers, pour remarquer Rhizocarpon geographicum, lichen jaune-vert typique des roches granitiques.

Bloc ératique

Bloc ératique

De retour sur Colmar en redescendant le col de la Schlucht, petit détour par une route forestière et arrêt pour admirer Buxbaumia aphylla, bryophyte protégé au niveau national, dont les feuilles sont quasi absentes et que l’on trouve généralement sur les talus forestiers. Nous avons pu admirer ces magnifiques capsules difficilement photographiables.

Buxbaumia (photo Wikimedia Commons)

Buxbaumia (photo Wikimedia Commons)

Un peu plus loin, nouvel arrêt pour illuminer avec une lampe de poche, en haut d’un talus, dans le renfoncement des terres couvertes par la croûte végétale et racinaires, une mousse luminescente : Schistostega pennata.

Schistostega pennata

Schistostega pennata

Le lendemain nous avons poursuivi nos travaux à l’aide de nos binoculaires et microscopes, pour visualiser les cellules allongées du bord des feuilles de Rhizomnium  punctatum, pour différencier Hylocomnium  splendens (tige rougeâtre) de Thuidium sp  à  la  tige vert-brunâtre et encore bien identifier Philonotis fontana qui pousse  en touffes denses, bien dressé.

Rhizomnium (photo Bryologia Gallica)

Rhizomnium (photo Bryologia Gallica)

Hylocomnium splendens   (photo Wikipédia)

Hylocomnium splendens (photo Wikipédia)

Philonotis fontana (photo Wikipédia)

Philonotis fontana (photo Wikipédia)

Après un nettoyage du laboratoire, un bilan de ces 3 jours globalement positif, un pot de l’amitié, nous nous sommes séparés, chacun avec des perspectives différentes quant à la suite à donner à ce stage : pour certains qui continueront leurs études ou leur travail dans les Sciences de la Terre, ils auront pu découvrir, se familiariser ou se perfectionner ; pour d’autres, les amateurs comme moi, ne disposant pas de matériel sophistiqué, nous ne pourrons jamais vraiment approfondir le domaine de la Bryologie.

Si je n’ai pas appris à reconnaitre facilement de nouvelles mousses, j’ai pris beaucoup de plaisir à me retrouver dans une autre région, à travailler en groupe, en laboratoire, à découvrir qu’il existe de nombreux outils, organismes et  sites Internet pour nous aider (Le Naturaliste, Atlas des bryophytes, Bryologia Gallica...)

DECOUVERTE DE LA BRYOLOGIE

                                                                 Pierre

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