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La tourbière des Creusates dans le massif des Bauges

Trois ans, presque jour pour jour, après une première sortie du Groupe Nature de Faverges sur cette tourbière (cf. article du Blog en date du 13 août 2009), nous nous sommes retrouvés sept au départ du circuit (Claudie, Marie-Reine, Janine B., Maurice et Colette, Françoise B. Pierre), Monique n’ayant pu participer suite à une chute la veille en redescendant du Pic du Jallouvre.

 

Cette tourbière de 5 ha est située à une altitude de 1320m sur le territoire de la commune de Saint-François-de-Sales et dans le Parc Naturel Régional des Bauges. En février 1985, elle est le 1er site de Savoie protégé par arrêté préfectoral de biotope qui couvre 18 ha. En août 2006 elle a fait l’objet d’un classement en site Natura 2000 en raison de la présence d’espèces floristiques et faunistiques d’intérêt communautaire. En 2007, elle est inscrite à l’inventaire ZNIEFF de type 1 (Zone d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique), sous la dénomination « Tourbières et landes environnantes ». Le site est également inscrit à l’inventaire des tourbières de Rhône-Alpes. Tous ces périmètres ne se superposent pas forcément. Rappelons que les procédures de classement présentent certains avantages, notamment exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties, réduction des droits de succession, mais imposent en revanche des engagements et recommandations aux propriétaires de terrains et chalets ou des utilisateurs du site. En effet les activités humaines restent importantes sur ce secteur, lui conférant une grande fragilité.

 

Carte-Creusattes.jpg

 

Avec des informations précises et affûtées, Maurice a su nous rappeler la formation et l’évolution de cette tourbière, ses caractéristiques et composantes, ainsi que les nombreuses études engagées préalablement à la protection de ce secteur. Le contexte géologique calcaire des Creusates, la topographie et le système hydrologique expliquent le changement progressif des conditions de vie des plantes et par là l’extrême diversité de milieux plus ou moins concentriques. Au centre, une mosaïque de dépressions à petites laiches et des cordons plus hauts de sphaignes ; un anneau de prairie à molinie ; une bande de mégaphorbiaies à reine des prés et au delà des prés, les boisements. Au cœur du site, l’épaisseur de tourbe est très importante (11m) dont 10.5m se sont constitués en seulement 6000 ans.

 

Toutes ces zones ont fait l’objet de recensements exhaustifs, tant sur le plan floristique que faunistique. Des espèces rares sont présentes que nous ne pourrons évidemment pas toutes admirer. A l’approche de la tourbière, nous ne sommes pas encore sur des terrains véritablement humides. Ce sont les boisements et prés constituant le bassin versant de la tourbière. On y trouve Genista tinctoria, Succisa pratensis, Carlina acaulis, Centaurea jacea, Vaccinium vitis-idaea, Antennaria dioica, Arnica montana, Hieracium pilosella, ainsi que différents Carex, Juncus  et Eriophorum

 

En s’approchant, la première à surprendre est très présente ici ainsi que sur la tourbière du plateau de Sommand (74): il s’agit de Swertia perennis, belle plante très fleurie de couleur bleu-gris. Cette gentiane est accompagnée de Parnassia palustris, de Galium

 

Fleurs--Creusattes-1.jpg

uliginosum, Succisa pratensis et en fruit Trollius europaeus et Geum rivale. Dans un secteur plus délimité, c’est Filipendula ulmaria qui domine. Sur quelques hauts coussins de sphaignes, quelle beauté de voir quelques sporophytes sphériques avec l’opercule qui sera expulsé à la maturité, après que la capsule soit devenue cylindrique. En entrant précautionneusement dans la zone tourbeuse, nous évitons de marcher sur Drosera rotundifolia, longifolia et l’hybride des deux espèces, Rhynchospora alba, Trichophorum alpinum et les

 

Fleurs-Creusattes-2.jpg

 

feuilles seulement de Pinguicula vulgaris et de Menyanthes trifoliata. Elles sont toujours étonnantes à regarder, même si ce ne sont pas des raretés. Mais hélas nous n’aurons pas vu Scheuchzeria palustris et d’autres plantes hautement protégées. Nous avons pu constater que le bouleau gagne du terrain dans la partie nord de la tourbière. Les autorités responsables devront y veiller.

 

Tout au long de la journée, Claudie nous a fait découvrir le monde des sauterelles et des criquets, souvent parés de couleurs étonnantes à y regarder de plus près : ce sera l’objet du prochain article.

 

Pierre

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