Emergence de la cigale plébéienne, Lyrestes plebejus

La cigale évoque la Provence, les vacances dans le Midi. Chacun d’entre nous connait son « chant » entêtant. Ce n’est d’ailleurs pas un chant, c'est un son très puissant que le mâle produit pour attirer une femelle et lui faire la cour : il fait vibrer son abdomen, on parle de cymbalisation.

Mais pour voir les cigales, c’est un peu plus difficile : avec leur corps gris tacheté, pas facile de les distinguer sur un tronc !

En vacances dans l’Hérault, notre amie Bernadette a observé près du lac de Salagou, la cigale plébéienne, Lyristes plebejus : la plus commune et la plus grande des cigales en France.

Longueur 40 mm, envergure 98 mm -Un corps massif, 4 ailes robustes, fortement nervurées.

Chez les cigales, la vie larvaire souterraine est longue : 4-5 ans pour cette espèce, 6 ou 7 mues Par contre, l’insecte adulte (imago) ne vit que quelques semaines, le temps de se reproduire.

Les larves vivent dans le sol, elles se nourrissent en suçant la sève qui circule dans les racines des arbres et des arbustes. Elles se déplacent à l’aide de leurs pattes fouisseuses. Si le sol est trop dur, elles urinent pour ramollir la galerie et la maçonner.

Les larves sortent du sol au lever du jour et se métamorphosent en cigales adultes (imagos). On dit qu’elles émergent. Bernadette a observé de nombreuses émergences, le 6 juin près du lac de Salagou dans l’Hérault : elle ne savait plus où donner de la tête !

Ce matin-là, les larves sortent à la surface et grimpent sur un support : mur, banc, buisson, herbe, écorce d’un arbre.

La peau se déchire au niveau de la tête. La tête sort, puis le haut du corps. Entre les yeux, on distingue 3 petits ocelles rouges : ce sont des yeux rudimentaires.

La cigale se renverse en arrière pour se libérer entièrement de son exuvie. La cigale est un insecte piqueur-suceur : avec son stylet (rostre), elle se nourrit de sève. On voit les ébauches des ailes, courtes, molles et chiffonnées et les anciennes trachées respiratoires blanches.

La cigale se cramponne sur son exuvie : les ailes pendues se déplient lentement, elles sèchent et durcissent grâce à l’hémolymphe.

Les ailes restent à plat sur le dos, légèrement écartées puis elles prennent leur position typique, en toit. Elles sont vertes au moment de l’émergence, plus tard elles deviendront grises.

30 minutes pour sortir de l’exuvie

20 minutes pour déployer les ailes

… et encore quelques heures : la cigale est enfin prête à s’envoler !

Pendant l’émergence, les cigales sont vulnérables, les prédateurs en profitent !

Il ne reste que les exuvies (les dépouilles nymphales)

On peut voir les pattes fouisseuses qui servent à la fois de pioche, de pelle et de cisaille.

Les exuvies nous semblent fragiles, éphémères et pourtant elles résistent au temps, à la météo. On peut les conserver très longtemps.

Jean-Henri Fabre, célèbre entomologiste du 19 ème siècle, écrit dans ses « Souvenirs entomologiques » 1897 : « Une nature coriace, rappelant le parchemin sec, en fait des reliques de longue durée. »

En Haute-Savoie, la Cigale plébéienne est présente dans les Usses, le val de Fier, la Montagne des Princes.

Bernadette était très émue, elle se rappellera longtemps ce beau spectacle !

Claudie et Bernadette