23 Février 2009
Lundi 23 février, salle des Clarisses (Parking Sainte-Claire)
Affluence record pour le diaporama de Denis Jordan sur « la Réserve du Bout du Lac », présenté par l’Association mycologique et botanique d’Annecy !
Merci aux amis d’Ugine, de Faverges, de Poisy, de Bellegarde qui se sont déplacés !
La Réserve Naturelle du Bout-du-Lac (Doussard)
Située tout au sud du lac d’Annecy, « au bout du lac », sur la commune de Doussard, la Réserve Naturelle du Bout du Lac s’étend sur 90 hectares d’une zone alluviale post-glaciaire formée par l’Ire et l’Eau Morte, issues des massifs dominants le lac au sud.
Sa création remonte au 26 décembre 1974, la même année où une seconde réserve -celle des Aiguilles Rouges à Chamonix- voyait le jour. Avec ses 90 hectares, la Réserve du Bout du Lac est l’une des 3 plus petites réserves avec celle du Roc de Chère (Talloires) et de la Dranse (Publier) en Haute-Savoie.
Vers les années 1970, de nombreuses menaces pesaient sur cette zone alors convoitée par la commune pour être transformée en une Marina qui aurait détruit la quasi-totalité du site. C’est pour empêcher la disparition de cette zone unique au bord du lac qu’un projet de réserve sera élaboré par la Direction Départementale de l’Agriculture, le décret de protection sera signé par l’Etat le 26 décembre 1974.
La Réserve du Bout du Lac, c’est une vaste zone humide naturelle cernée de milieux artificialisés, comprenant de nombreux biotopes déterminés par le niveau de la nappe phréatique : roselières lacustres, roselières terrestres plus ou moins envahies de buissons de saules, prairies hygrophiles à laîches, prairies humides encore fauchées par un agriculteur et, tout au sud, prairies agricoles, bois et boisements humides à marécageux dispersés dans le marais, saulaies- aulnaies, ou formant un grand bois mésophile de chênes et de hêtres. Formations écologiques liées aux deux cours d’eau qui franchissent la Réserve avant le lac. L’Eau Morte avec ses eaux lentes et profondes et l’Ire à caractère torrentiel avec ses bancs d’alluvions d’une forte diversité botanique.
La gestion de cette zone largement abandonnée de nos jours par l’agriculture et évoluant vers un état boisé est assurée par le Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie ASTERS
(Agir pour la Sauvegarde des Territoires et des Espaces Remarquables ou Sensibles) et cautionnée par un comité consultatif. Ce vaste et remarquable écosystème qui a bien failli disparaître au profit d’un complexe de constructions les pieds dans l’eau recèle un très riche panel de biotopes qui se traduit par une diversité botanique (721 espèces) et faunistique (plus de 300 espèces) tout à fait remarquable.
Le diaporama que nous proposons tentera une approche de cette étonnante biodiversité.
Denis Jordan
CR de Claudie et Monique :
En 2006, Denis Jordan a relevé 721 espèces, soit 1/3 de la flore de la Hte Savoie, grâce à la diversité des biotopes : l’Eau Morte, relativement calme et l’Ire torrentielle, formations à phragmites et carex, bois, forêt alluviale, prairies humides, prairies sèches… La phragmitaie est difficile à pénétrer, elle convient bien aux sangliers ! Elle est colonisée par le Saule cendré, l'Aulne blanchâtre et l'Aulne glutineux, lorsqu’elle n’est plus fauchée.
A l’entrée de la Réserve il y a eu un hameau enseveli (« Dessous l'église » sur le cadastre)….
La Tour de Beauvivier du 15ème siècle, elle est aujourd'hui à 30 m du lac, jadis elle était au bord. C’est un élément artificiel qui apporte des éléments nouveaux, 2 fougères très classiques qui ne sont pas ailleurs dans la réserve : Asplenium trichomanes, Asplenium ruta-muraria.
Lézard des murailles…
Pelouse thermophile, xérophile, sur alluvions sèches, au sud. Pelouse fauchée à Brome érigé, Bromus erectus, présence d'orchidées : Orchis brûlé, Ophrys bourdon. Sauge des prés.
Au delà, prairie de fauche, amendée, végétation relativement dense, mais jamais d’orchidées…
Zone humide
L’Eau Morte a un cours sinueux relativement calme – peu de bancs alluviaux, elle est assez profonde (près de son embouchure 1m).
Le Castor a été réintroduit il y a plus de 30 ans.
Martin-pêcheur. Calopterix vierge femelle…
Formations aquatiques, phragmites
La roselière aquatique est souvent « trouée » et encombrée de débris peu sympathiques (Les Amis de la Réserve font des nettoyages).
Gestion par ASTERS, création de mares, cela profite aux couleuvres … mais malheureusement aussi à la tortue de Floride, animal exotique !
Herbiers de Potamots, Myriophylles, Naïades, Utriculaires… Ce sont des formations intéressantes pour les poissons qui viennent y frayer.
Myriophyllum spicatum, le Myriophylle en épi.
Najas minor, la Petite Naïade, a été citée en 1904 et signalée en 1980, mais sans aucune preuve, il semble que ce soit une erreur de détermination . (Cette plante a été retrouvée en Hte-Savoie par Max André à la Balme de Sillingy et par Denis Jordan dans des gravières à Arenthon). Dans le lac, il s’agit plutôt de Najas marina, la Grande Naïade.
Utriculaire australe, Utricularia australis, et non Utriculaire « vulgaire », qui est en fait très rare et protégée. (Jadis on ne les distinguait pas, on appelait tout « Utricularia vulgaris »)
Carex gracilis = acuta, la laîche grêle, rare, trouvée à l’embouchure de l'Eau Morte.
La « magnocariçaie », les laîches servaient à rempailler les chaises.
Le Pigamon jaune, Thalictrum flavum, très rare en Hte Savoie, 2 localités – Bout du Lac, Dranse – liste rouge, une petite population près de l'embouchure de l'Ire.
La Prêle des bourbiers, Equisetum limosum (tige très creuse ! facile à reconnaître quand on peut l’écraser entre ses doigts !)
La Rousserole effarvate est inféodée à la roselière, son nid est attaché aux phragmites, le chant est particulier…
La Poule d'eau (plaque cornée rouge), plus discrète et plus sauvage que la Foulque…
Le Grèbe huppé…
L’Ire
Les alluvions s’accumulent dans les méandres, le bois charrié aussi…
Denis Jordan a étudié une petite île de graviers (cf diaporama 2008, « les alluvions torrentielles ») : sur 800 m2 il a noté 310 espèces (3 visites). C’est un véritable jardin botanique, mais très éphémère, à la merci des crues !
Une plante invasive : le Buddleia qui vient de Chine, jolie plante qui attire les papillons mais qui est très envahissante. En 2 ans le Buddleia colonise l’île !
Diversité botanique, plantes d'origines diverses. Des plantes de montagne : Linaire alpine, Onobrychis des montagnes, Calament à grandes fleurs. L’Iberis en ombelle est une plante échappée des jardins. Le coquelicot, une plante messicole….
Ripisylve, groupement boisé en bordure des rivières.
Salix daphnoides, le saule faux-daphné, rare, au bord de l’Ire. Salix incana, le saule blanchâtre. Ce sont deux éléments caractéristiques des torrents de montagne.
Petasites hybridus, le pétasite officinal à fleurs rosées.
Geranium sylvaticum, le géranium des forêts, 2 touffes, plante banale, mais belle !
Lunaria rediviva, la lunaire vivace, rare, plante proche de la monnaie du pape (Lunaria annua, plante annuelle, cultivée, parfois subspontanée), mais le fruit est oblong
Impatiens noli-tangere, la balsamine n’y-touchez-pas, à fleurs jaunes, la seule balsamine indigène en Europe, rare, tandis que Impatiens glandulifera (= roylei), l’impatience de l’Himalaya, est une plante invasive.
Tozzia alpina, plante hémiparasite rare, vue une seule fois dans la ripisylve de l’Ire.
Couleuvre vipérine.
Nid en boule dans les racines d'un arbre, au bord de l'eau, c’est le nid du troglodyte mignon…
Forêt hygrophile.
La roselière n’étant plus fauchée, les saules en boules (Salix cinerea, le saule cendré) et les bourdaines colonisent le marais, puis l’aulne glutineux s’installe…
Ribes rubrum, le groseiller rouge (grappes pendantes, sépales glabres), à fruits comestibles, est constant dans ce biotope.
Caltha palustris, le populage des marais, belles fleurs au printemps.
Iris pseudacorus, à grandes fleurs jaunes.
Dryopteris dilatata, une fougère….
Forêt plus sèche
Surtout des feuillus : chênes pédonculés, frênes, quelques érables, peupliers, charmes, quelques résineux : épicéas, sapins, ifs…Gros tronc remarquable de peuplier noir.
Daphne laureola, c’est un élément thermophile.
La Pervenche, Vinca minor, forme des tapis. Hedera helix, le Lierre.
L’Hellebore fétide, la Néottie nid-d’oiseau, Neottia nidus-avis. Le Mélampyre des bois, Melampyrum nemorosum, avec ses bractées violettes, à ne pas confondre avec le Mélampyre des forêts (M. sylvaticum).
Anemone ranunculoides, anémone du printemps à fleurs jaunes, le Cyclamen d’Europe, l’Arum tacheté.
Isopyrum thalictroides. Cardamine heptaphylla, plante qui vient de la montagne.
Lathyrus vernus. Festuca altissima, la grande fétuque, caractéristique de la hêtraie-sapinière, quelques touffes aux abords de l’Ire. Coronilla emerus, élément thermophile.
Lithospermum purpuro-caeruleum, normalement avec le chêne pubescent…
Prairie très hygrophile (au bord de la route de Talloires)
Oenanthe lachenalii (Peucedanum palustre = Thysselinum palustre a été signalé 2 fois par la même personne dans la Réserve, mais c’est une erreur de détermination, cette Ombellifère n’est pas dans la Réserve, présence à Bons en Chablais, au marais de Lavours…)
Senecio paludosus, le grand séneçon des marais, protection Rhône-Alpes.
Inula helvetica, protection Rhône-Alpes, trouvée en 1991 par Michel Farille.
Eriophorum angustifolium, la linaigrette à feuilles étroites, logiquement inféodée aux marécages acidifiés, pas fréquente dans la Réserve.
Dactylorhiza majalis (= fistulosa =latifolia), l’orchis à larges feuilles. Dactylorhiza incarnata, l’orchis couleur chair. Epipactis palustris, l’épipactis des marais, fréquent ici.
Leucojum aestivum, la nivéole d’été, quelques pieds introduits, plante d’Europe Centrale, un plant de Fritillaria meleagris a aussi été introduit…
Prairie humide (plus en arrière)
Prairie très colorée, présence de la molinie bleuâtre, Molinia caerulea (graminée).
Gentiana pneumonanthe, protégée en Haute-Savoie. Le papillon inféodé à cette plante, l’azuré des mouillères (Maculinea alcon) n’a pas été trouvé ici (ce papillon pond ses oeufs exclusivement sur l'inflorescence de la Gentiane pneumonanthe).
Genista tinctoria, le genêt des teinturiers, et l’orobanche grêle, Orobanche gracilis = cruenta, à corolle rouge sang en dedans, qui le parasite.
Ophioglossum vulgatum, la petite fougère langue-de-serpent, protection Rhône-Alpe.
Orchis militaris, l’orchis militaire. Papillon Gazé posé sur Platanthera bifolia, la platanthère à fleurs blanches (anthères à loges rapprochées, parallèles). Mante religieuse….
Zone de bas-marais calcaire, plat, drainé par des eaux calcaires. Zone très intéressante, Denis Jordan l’a découverte en 1992 : un pied de Liparis ! Depuis, cette zone est gérée par les étudiants de Poisy.
Schoenus nigricans, le choin noirâtre ( Cypéracées), Menyanthes trifoliata, le trèfle-d’eau (Gentianacées), plantes signalées par Roux jadis, on ne les retrouvait pas : elles sont présentes dans cette zone !
Pinguicula vulgaris, la grassette, plante « carnivore ». Parnassia palustris, la parnassie.
Drosera anglica, le rossolis à longues feuilles, protection nationale. Trouvé par Bernard Bal, il n’a pas été revu depuis 7 ans (à la suite de printemps trop secs).
Liparis loeselii, petite orchidée très rare, protection nationale, 1 pied en 1992, 300-400 pieds après gestion !! La Haute-Savoie est le département le plus riche en Liparis (29 stations).
Orchis palustris, l’orchis des marais, protection Rhône-Alpes. Dactylorhiza traunsteineri, orchis de Traunsteiner, protection Rhône-Alpes. Gymnadenia odoratissima, la gymnadénie odorante.
Une petite libellule, Pyrrhosoma nymphula, la Petite Nymphe au Corps de Feu.
Papillon Citron (Gonepteryx rhamni), chenille sur les nerpruns.
Lézard agile (= lézard des souches) sur Gymnadenia conopsea, l’orchis moucheron, à long éperon. Petit nid de muscardin, et muscardin sur phragmite….