22 Février 2023
Entre équateur et tropique du Cancer, la Martinique bénéficie d’un climat tropical où le soleil est très présent (3000h d’ensoleillement par an) et où les pluies arrosent régulièrement les pentes des massifs volcaniques. Chaleur, pluie et humidité sont propices à une végétation abondante, luxuriante et variée.
Les forêts naturelles sont parfois impénétrables, les fleurs et les fruits tropicaux y sont innombrables. Plusieurs musées, parcs ou jardins ont été aménagés pour montrer la richesse de cette végétation et les cultures traditionnelles de l’ile. Sans parler des paysages naturels (le Rocher du Diamant dans le sud de l’ile, la Montagne Pelée au nord, les mangroves en plusieurs endroits du littoral, par ex.) et des splendeurs sous-marines. Plus de la moitié du territoire est classé Parc Naturel Régional.
Nous avons passé une dizaine de jours en Martinique fin décembre, le village du Diamant, au sud de l’ile étant notre point de chute. Avec un programme bien chargé, nous avons sillonné l’ile du nord au sud, de l’est à l’ouest pour ne rien manquer de cette ile merveilleuse.
En 3 épisodes, nous nous proposons de vous faire découvrir tous ces sites, ces plantes exotiques appartenant à des familles non présentes en métropole.
Evoquons d’abord un incontournable : le Jardin de Balata.
A quelques kilomètres au nord de Fort-de-France, ce splendide jardin botanique a été créé en 1982 et ouvert au public 4 ans plus tard. La maison créole à l’entrée rappelle l’histoire de ce parc. Il s’agit en fait de la maison des grands-parents de JPh Thoze, horticulteur, paysagiste et créateur du parc. En bas des marches de la villa, un énorme cœur rouge marque le départ des sentiers de visite.
Racheté depuis, sans cesse amélioré, complété, il compte aujourd’hui plus de 3000 espèces de plantes tropicales endémiques ou du monde entier : des bambouseraies de toutes hauteurs, de toutes grosseurs…
… des palmeraies avec des spécimens nains, géants, royaux…
… des fougères arborescentes…
… des pandaneraies (le genre Pandanus compte plus de 700 espèces – Fam. Pandanaceae) avec leurs racines aériennes qui supportent les tiges de l’arbre, rappelant un peu les palétuviers.
On ne peut pas évoquer des fleurs de Martinique sans parler de l’Anthurium (Fam. Araceae) qui compte lui aussi plusieurs centaines d’espèces. Il couvre au jardin de Balata de vastes surfaces. C’est une plante ornementale très présente dans les jardineries de Métropole.
L’Anthurium de la Martinique a fait l’objet d’une parution de timbre-poste en 1973, avec une impression 1er jour à Fort-de-France.
Au fil des sentiers qui montent, serpentent, se croisent, redescendent, les plantes nous émerveillent par leurs formes et les palettes de couleurs.
Le blanc d’abord avec le Lys des Caraïbes ou du Littoral (Hymenocallis sp Fam.) avec ses feuilles larges, brillantes, groupées en rosette à la base de la tige, Les tépales blancs fixés à une coupe staminale dépassent 15cm. La fleur dégage une agréable odeur de vanille.
L’orange vif ensuite avec la fleur du Sébestier ou Mapon rouge (Cordia sebestena Fam. Boraginaceae). Cet arbuste originaire des Caraïbes est recherché tant pour ses qualités ornementales que son bois équivalent au teck et ses fruits blancs comestibles.
Le bleu violacé avec ce Nénuphar (Nymphaea nouchali var. caerulea Fam. Nymphaeaceae) bien présent et bien fleuri dans deux des trois mares qui agrément le jardin.
Le rose enfin avec les fleurs de ce Clérodendron quadrangulaire ou Arbre feu d’artifice (Clerodendron quadriloculare Fam. Lamiaceae) avec ses branches à section carrée (caractéristique des Lamiacées), ses fleurs à 5 pétales recourbés au bout d’un long tube de 8cm et son feuillage persistant.
Les Larmes de la Vierge ou Fleur de mon Ame (Alpinia zerumbet Fam. Zingibéraceae) fut décrite pour la 1ère fois en 1805. On la trouve au nord-est de l'Inde, en Birmanie et Indochine. C’est une plante vigoureuse possédant un rhizome tubéreux, ses tiges feuillées peuvent atteindre 2 à 3m de hauteur. Ses feuilles larges et allongées sont d’un vert sombre brillant. L’inflorescence terminale pouvant atteindre 30cm n’est en fait qu’un épi de bractées rouge ou blanc, les vraies fleurs, petites et fragiles sont cachées au creux de l’épi
La plante vedette du jardin de Balata reste la Rose de porcelaine (Etlingera eliator Fam. Zingibéraceae.). Le genre Etlingera est créé en 1792 par le botaniste allemand Paul Dietrich Giseke (1745-1796), en hommage à Andréas Ernst Etlinger (1730-1790). Dans les pays anglo-saxons elle est désignée sous l’appellation Ginger Torch, sa fleur évoquant une torche enflammée et dans les pays hispanophones on la nomme Bâton de l’Empereur ou Boca de Dragon.
Endémique d’Indonésie, de Malaisie, on la retrouve au Cambodge, au Vietnam, en Thaïlande. Les tiges peuvent s’élever à 6 mètres de haut. Elles portent des fleurs coniques qui semblent artificielles avec leurs pétales cireux à larges écailles. Elles exhalent un parfum aux notes d’agrumes et de poivre et donnent une fois fanée des fruits globuleux.
En Indonésie, Etlingera elatior est cultivée comme plante alimentaire et comme épice. Les tiges de l’inflorescence sont hachées et utilisées comme condiment dans les currys et les soupes de nouilles de riz à base de poissons. Les jeunes pousses de fleurs sont consommées crues en salade ou finement hachées utilisées comme épice pour aromatiser des plats.
Dans le prochain épisode, nous visiterons l’Habitation Clément et le Musée de la Banane.
Pierre et Catherine