15 Mars 2023
Pour ce 2ème épisode, nous nous dirigeons d’abord vers le nord-est de l’ile, en direction de l’Habitation Clément. Dans les anciennes colonies françaises aux Antilles, les habitations sont des exploitations agricoles, tenues autrefois par des colons de métropole. Celles qui conservent encore une activité agricole sont aujourd'hui essentiellement tournées vers la production de rhum et de banane ou sont devenues des musées.
L’Habitation Clément n’est plus en activité, aujourd’hui Centre d’Interprétation du Rhum. Le bâtiment d’habitation, comme ceux liés jadis à l’activité se visitent et de nombreuses informations permettent de tout savoir sur la culture de la canne à sucre et sa transformation.
Extrait d’un des panneaux explicatifs qui jalonnent le parcours de visite à l’intérieur des bâtiments
Un tel moulin à bêtes existait sur l’exploitation dès le 18e siècle, car plus économique que les moulins à eau ou à vent. Les cannes étaient introduites entre deux des trois rolls verticaux de bois, puis entre les deux autres dont la rotation était assurée par un engrenage actionné par des bœufs ou chevaux tournant autour du moulin. Le jus s’écoule ensuite par gravité vers la sucrerie où il sera cuit dans des chaudières.
L’habitation Clément est située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Fort-de-France, au centre d’un parc botanique aménagé dans les années 1990, en extension du jardin initial de l’habitation.
De nombreux arbres étonnants ponctuent le paysage de ce parc.
Le Palmier à sucre ou Palmier céleri (Caryota mtiis Fam. Aracaceae) aux longues grappes de fleurs verdâtres pendantes
Le parc est agrémenté de magnifiques sculptures d’artistes internationaux que l’on découvre au gré de la visite, comme ce visage de Catherine Ikam et Louis Fléri ou ces squelettes d’Hervé Beuze.
Nous poursuivons notre journée un peu plus au nord au Musée de la Banane, à proximité du village de Ste-Marie. Implanté dans une ancienne sucrerie, il offre une exposition très complète sur l’épopée de cette herbe géante et un parcours dans un parc tropical de 2 ha qui abrite une collection de 64 variétés de bananiers et de nombreux autres arbres et fleurs. La promenade dans ce parc est un pur émerveillement.
A l’intérieur, le musée est riche d’une vingtaine de panneaux explicatifs très clairs qui permettent de tout savoir sur cette plante herbacée, de la famille des Musacées et qui compte jusqu’à 300 variétés.
Tout au long du parcours, on découvre aussi de nombreuses plantes dont les fleurs ravissent par leurs couleurs et leurs formes, comme ces deux Heliconia (Fam. Heliconiaceae).
Trois arbres curieux ont aussi attiré notre attention. Le Mancenillier (Hippomane mancinella Fam. Euphorbiaceae) qui tient son nom de l’espagnol manzenilla = petite pomme. Toutes les parties de l’arbre sont toxiques : la sève blanchâtre comme la plupart des euphorbes, l’écorce, les feuilles, le fruit en forme de petite pomme jaunâtre.
Partout où ils sont présents, les troncs des Mancenilliers sont barrés de rouge avec un avertissement sur leur dangerosité.
Le Gommier rouge (Bursera simaruba Fam. Burseraceae) à l’inverse sécrète une résine rouge utilisée depuis longtemps à plusieurs fins : cataplasme pour petites blessures, soins des maux d’estomac, anti-inflammatoire, fabrication de vernis en Europe… Son tronc est lisse, brillant, de couleur brun-rouge. On lui donne aussi le nom d’Arbre à touriste à Cuba : est-ce parce que la couleur du tronc rappelle celle de la peau après une bonne séance de bronzage ?
Le Figuier maudit ou arbre étrangleur (Ficus citrifolia Fam. Moraceae) étouffe les arbres voisins entre ses racines.
Dans l’épisode 3 nous irons visiter la Savane des Esclaves, autre parc-musée, et ferons une balade en bateau dans la mangrove de Rivière Salée.
Pierre et Catherine