16 Décembre 2011
Nous avons admiré les magnifiques photos d’Yvette (blog, 1e décembre 2011).
Nous l’envions de voir chaque année au même endroit (chez elle, dans son jardin !) la Rosalie, l’un des plus grands (2,5-3 cm, longues antennes annelées) et des plus beaux coléoptères d’Europe, espèce rare et protégée au niveau national et européen.
La Rosalie est représentée sur les timbres d’une douzaine de pays.
Nous (Claudie et moi), la Rosalie, nous ne l’avons vue qu’une seule fois, il y a longtemps, dans une hêtraie près de Samoëns.
Quand Yvette nous a dit qu’elle la voyait régulièrement dans le département du Cher, près de Sancerre, nous avons été étonnées. Nous pensions que cette espèce était inféodée aux forêts de hêtres en montagne, Alpes, Pyrénées… Nous nous sommes renseignées, oui, l’espèce est présente aussi en plaine, sur les bords de la Loire nantaise, dans le marais Poitevin p.ex. , mais en plaine elle est encore plus rare qu’en montagne. Les larves peuvent se développer dans du bois de frêne ou d’autres feuillus…
Photo : Julien B.
En 2006, Odette a participé à une sortie organisée par le PNR des Bauges avec Benoît Dodelin, le spécialiste de la Rosalie, pour apprendre à reconnaître les indices de présence de la Rosalie (cf bulletin annuel du Groupe Nature 2007, p 39). Les larves sont xylophages (consommatrices de bois), elles contribuent au processus de décomposition du bois mort, elles ne s’attaquent pas au bois sain.
Il faut donc du bois mort de hêtre (chez Yvette, c’est du chêne !) exposé au soleil. On repère des trous bourrés de sciure, creusés par les larves. Si le bois n’est pas utilisé comme bois de chauffage, l’insecte adulte (imago) sortira au bout de 3 ans par des trous ovales (2 cm de large) en juin-juillet.
Photos : Odette
Il faut donc éviter de stocker le bois de chauffage de hêtre (fayard) en forêt sauf s’il est enlevé avant juillet, période de ponte.
Pour favoriser la reproduction de la Rosalie, on peut placer debout dans un site ensoleillé des troncs de hêtres morts de 2 m de long et au moins 25 cm de diamètre (cf expérience menée en Suisse dans 3 stations, Val Verzasca, Prättigau, Jura).
Les mâles émergent avant les femelles. Les 2 sexes se ressemblent, ils ont de très jolies houppettes de poils noirs sur les antennes. Mais les antennes des mâles sont presque 2 fois plus longues que le corps (chez la femelle, un peu plus longues que le corps), et leurs mandibules sont plus développées. Les adultes ne vivent qu’une dizaine de jours !
. Photos : Julien B.
Pourquoi « Rosalia » ?? Rosalie, c’est un prénom de femme…
Linné a décrit cet insecte en 1758 : Cerambyx alpina. Cerambyx, la Rosalie fait partie de la famille des Cerambycidés (les Longicornes), alpina, le spécimen que Linné a reçu venait des Alpes.
C’est Jean-Guillaume Audinet-Serville (1775-1858), premier président de la société entomologique de France, qui, en 1833 a enlevé notre insecte du genre Cerambyx et a créé un nouveau genre Rosalia. Il a dédié ce genre à son épouse, Rosalie.
Nous avons trouvé une explication qui ne colle pas : le naturaliste suisse Johann Jakob Scheuchzer (1672-1733), celui de la Campanule, de la Linaigrette (Eriophorum scheuchzerii) etc., aurait découvert la Rosalie le 12 juillet 1793 dans le Taminatal entre Valens et Vattis dans les Alpes suisses (c’est précis !)…1793, Scheuchzer est mort en 1733 et Linné a nommé ce Longicorne alpina en 1758 ….Bizarre !
C’est bien connu, on ne trouve que ce qu’on cherche…En 2012, nous essaierons de trouver des Rosalies !
Nous avons de la chance, Julien a promis de nous emmener dans la forêt des Bauges où il a photographié ce magnifique insecte…
Monique