L’Anthophore à pattes plumeuses, Anthophora plumipes

Vous l’avez certainement vue, c’est l’une des premières abeilles sauvages que l’on voit butiner dès le mois de mars et jusqu’en mai-juin. Cette abeille trapue a une pilosité importante, elle ressemble un peu à un petit bourdon. Mais son vol est plus rapide et bruyant.

ph 2 un mâle sur une Aubriète.

Dans nos jardins, l'Anthophore à pattes plumeuses butine les Aubriètes, les Lamiers, mais elle apprécie tout particulièrement le Faux alysson renflé (Alysson renflé, Vésicaire renflé) : Alyssoides utriculata, une Brassicacée à grandes fleurs jaunes, silicules grandes, subglobuleuses, renflées.

Cette plante est très rare en Haute-Savoie, une seule petite station, dans les rochers calcaires du Roc de Viuz, au-dessus de Faverges. Elle est plus commune en Savoie, par exemple en Maurienne à St Etienne-de-Cuines, à Montvernier, en Tarentaise à Pussy Feissonnet, La Léchère.

photos 1 Pussy, Feissonnet - 2 St Etienne de Cuines

Mais elle se plait beaucoup dans nos jardins, quelques graines ont donné de belles plantes, et c’est maintenant presque une plante envahissante ! Bizarre !

Jardin à Lathuile (74) - Le Faux Alysson renflé fleurit pendant un mois, de mi mars à mi avril.

Début mai, les fleurs sont fanées, elles ont laissé la place à des silicules renflées.

Les Anthophores mâles émergent les premiers, les femelles 2 à 3 semaines plus tard.

Les Anglais appellent cette espèce : « hairy footed flower bee », l’abeille à pattes velues, les Allemands « Frühlings -Pelzbiene », l’abeille en fourrure du printemps.

Le mâle se reconnait facilement à ses pattes médianes allongées, avec des franges de longs poils sur les tarses. Il porte aussi des marques claires sur la face.

La femelle possède sur les pattes postérieures, des brosses pour collecter le pollen, presque toujours de couleur rouille.

Cette petite abeille sauvage fait partie des Apidés. Sa langue longue et fine (13 mm) lui permet de butiner de nombreuses fleurs, particulièrement celles qui ont une corolle profonde (Lamiacées, Boraginacées, Fabacées, Brassicacées).

Ce mâle butine les fleurs de l'Alysson renflé. Sa trompe tendue en avant, il fait du vol stationnaire puis il enfonce sa langue au fond des corolles pour puiser le nectar.

Début mars sur notre terrasse, ce mâle frigorifié est peu actif. Posé sur une latte de bois, on voit bien la longueur de sa trompe, presqu’aussi longue que le corps !

Redoutable chasseur à l’affût, cette araignée Thomise ou Araignée crabe (Xysticus sp) a capturé une Anthophore à pattes plumeuses qui butinait un sainfoin.

L’Anthophore à pattes plumeuses, Anthophora plumipes

Araignée Thomise (Xysticus sp) et Anthophore à pattes plumeuses

Après l’accouplement, l’Anthophore nidifie dans les talus argileux ou le mortier des habitations. La femelle creuse une courte galerie qui mène à des galeries secondaires cloisonnées en cellules. Elle y apporte des réserves pour les futures larves (nectar et pollen) et pond un œuf par cellule.

Si on veut avoir le plaisir d’observer encore ces petites abeilles sauvages, il faut maintenir des prairies fleuries composées de fleurs indigènes riches en pollen et en nectar, laisser une place à la flore spontanée, supprimer l’usage des produits phytosanitaires et des engrais de synthèse et maintenir des espaces de terre nue : 70% des abeilles nidifient dans le sol !

Claudie et Monique